En refermant mon journal (le très correct Cameroon Tribune) ce matin, j’étais moins bête.
Primo: j’ai appris qu’il existe une « Miss Unité Nationale » au Cameroun.
Deuxio : j’ai appris que la Miss de dix neuf ans partait en guerre contre l’homosexualité avec une action ayant pour thème « Jeunesse, famille et homosexualité ». Tout un programme hein ? Bon, en réalité le premier acte de son action a été d’aller demander au ministre de la promotion de la femme et de la Famille « un soutien logistique et matériel pour mener son combat ».
J’ai ri hein ?
Vous vous souvenez, au début des années 2000, c’était le SIDA la cause à la mode. Vous ne vous souvenez pas ? Taux de prévalence artificiellement ( ?) élevé, campagnes tous azimuts, psychose et au milieu de tout ça des financements. Des financements et encore des financements qui ont mené quelques uns à l’ombre d’ailleurs. Actuellement, le nouveau gombo c’est l’homosexualité. Qu’on se proclame « ennemi » ou « défenseur » de la « cause », le dénominateur commun reste l’argent.
Moi je ris. J’ai l’impression que la Miss a de l’énergie, mais ne sais qu’en faire. j’ai donc pensé à lui donner une piste, un combat une cause dans laquelle elle pourrait s’investir plus efficacement.
En effet Miss, au lieu de passer ton temps à te battre contre les moulins à vent, engage toi dans le combat de libération du kouakoukou.
Oui ! Il se commet actuellement un crime grave contre le kouakoukou chère miss. Des personnes ont décidé de cuisiner cette ambroisie, ce mets des dieux dans des sachets plastiques. Tu as bien lu: des sachets plastiques! quand je l’ai appris, j’ai hurlé en plein carrefour: « Que fait la CPI ? Relâchez Gbagbo! Voici les vrais prisonniers ! ».
Oui miss. En tant qu’adorateur de la cuisine camerounaise, je viens ici dénoncer toutes ces femmes et épouses (oui c’est sexiste et alors ?) qui nous empoisonnent lentement au polyéthylène et autres substances toxiques.
Les ancêtres nous ont légué cette recette, ce plat quasi national car, qu’on l’appelle kouakoukou, bekwang, ekwangkoko ou autres, il s’agit du même mets: une pâte de macabo mélangée à de l’huile, cuite à l’étouffée dans des feuilles de bananier pour un résultat délicieusement fondant dans la bouche surtout accompagné d’une sauce blanche, noire, ou glissante.
Le kouakoukou est un art. Qui hélas se perd.
D’abord, sélectionner les tubercules. Les peler. Les râper un à un. Doucement, amoureusement, sur une rape traditionnelle. Une plaque d’alu, percée au clou et enchâssée dans un cadre de bois. Parfois la ménagère s’entaille un doigt et son sang va se mélanger avec la pâte. Là à mon avis réside le Grand Oeuvre de cette alchimie. Oui, si cuisiner du kouakoukou consistait seulement à mélanger de la pâte avec de l’huile, ça se saurait…
Et puis il ya le crime en lui-même. Au lieu d’emballer la pâte dans des feuilles de bananier, les cuisiniers modernes choisissent le sachet plastique. Oh crime ! Oh abomination ! Du polyéthylène dans l’ambroisie. Du poison dans le repas des dieux.
Oh Miss! Les feuilles de bananier dans lesquelles on emballe nos mets ne sont pas là pour faire de la figuration. Il s’agit de la meilleure preuve de la chimie culinaire de nos ancêtres. La feuille de bananier n’est pas étanche, mais elle permet de retenir la pâte tout en créant une osmose avec le milieu de cuisson, et son arôme inimitable se retrouve aussi dans le mets emballé sans en occulter le goût. En outre, la feuille de bananier permet l’exsudation du trop plein d’huile, car très souvent le mets emballé est passé sur la braise et dégorge cet excédent de gras. Ce n’est pas du hasard demande au koki ou au nnam Kpem! Et ne me dis pas que c’est faute d’en trouver que ces maitre queux du dimanche utilisent du plastique : ces feuilles se vendent sur tous les marchés de Yaoundé, j’ai vérifié.
Hélas miss, les camerounais semblent avoir passé un pacte diabolique et mortel avec ce foutu plastique.
Je te supplie Miss, au lieu de courir après les homos, bats-toi pour libérer le kouakoukou de l’emballage plastique dans lequel on voudrait le confiner. Demande des financements pour libérer ces camerounais qui sont empoisonnés tous les jours par les produits chimiques issus de cet usage. Demande du soutien pour que le gouvernement de notre roi interdise DEFINITIVEMENT la fabrication et la vente de ces maudits emballages plastiques. Bats-toi pour les autres mets qui subissent le même traitement: la bouillie chaude, les beignets chauds, le haricot chaud, le couscous de maïs chaud. Oui! ils t »interpellent tous du fond de leurs emballage de plastique. sauve les! Comment peut-on emballer de la nourriture chaude dans du plastique?!
En les sauvant, tu te bats pour nous tes frères, nous les gourmets. Éloigne de nous les accidents vasculaires désormais légion. Bats-toi contre cette génération de camerounais obèses, oui les JCO (Jeunes Cadres Obèses) qui voient dans l’embonpoint un signe extérieur de réussite et qui meurent à moins de quarante ans. La sorcellerie! il était pourtant gros!
Va affronter les vendeurs de viande qui emballent le soya dans le papier encore poudreux de ciment. Va affronter les braiseuses de poissons qui touchent le poisson et l’argent avec les mêmes mains. Fais interdire le cube Maggi et tous ses dérivés. Fais interdire l’eau en sachet. Mets fin à toutes ces morts précoces. Ces cancers et autres malformations jadis inconnues. Sauve tout un peuple qui a mal à son alimentation et qui meurt dans l’indifférence totale, à commencer par la sienne.
Sauve-nous mama, mais surtout, sauve le kouakoukou.
Peace Miss!
hahahahhahaha que du bonheur a lire !! bien de choses a toi
man tu as oublie de mentionné quelle ne savent plus faire un bon piment sur cette pierre … mais utilise le « moulin a eau » pour écraser tout …… hum ….!
Avec beaucoup d’humour, tu nous ramènes à des préoccupations essentielles. La santé et l’environnement. Merci frangin.
Florian, arrête de me faire saliver.
Tu as raison avec tout ça!L’Assemblée Nationale devrait faire passer des textes de lois interdisant l’utilisation et la commercialisation du plastique non sexuel.Dans certaines villes du Cameroun, Kousséri par exemple à l’Extreme Nord du Cameroun, l’on est hors-la-loi si on emballe de la marchandise dans du plastique.D’autres villes du Cameroun devrait suivre.
Florian, il est 17h50 et j’ai une de ces dalles en te lisant!
Bon courage frérot!Continue de conscientiser les habitants de ce beau 237!
Peace.
Je me demandais ce que le kouakoukou avait encore fait… Beau texte, comme d’habitude. Et on va alors emballer le soya dans les feuilles de bananiers?
Tu as raison sur certains points. Mais où vais-je trouver les feuilles de bananiers ici au Canada? J’utilise alors les sachets plastiques disponibles dans les épiceries avec du papier alu. Et ça marche! Tu devrais essayer… mdr
ça fait toujours du bien de te lire Florian.Quelle hérésie de cuisiner nos si délicieux mets dans du plastique qui nous empoisonne à petit feu! La Miss devrait s’engager dans des combats qui en vaillent la peine!
Ah Florian! Tu sais, ce n’est que dans mon village que je vois encore des femmes emballer le kouakoukou dans une feuille de bananier. Malheureusement, en ville, c’est le plastique qui domine. Mais, j’aime bien ce rapprochement entre le kouakoukou et les vrais problèmes de notre pays. Il est vraiment temps, qu’on pense à autre chose, qu’on cesse de nous detourner en nous parlant d’homo. En tant que femme, j’ai bien compris ton message Florian!
Ce qui me tue alors c’est le titre de l’image: »Spécimen de kouakoukou+sauce blanche+obstacles »
T’as raison Florian, c’est l’argent qui guide les combats et pour l’instant c’est l’homosexualité qui a le vent en poupe. Tu es chez toi tu vois le film Porno ohh, on t’attrape. On est très fort pour ne s’attaquer qu’aux inutilités dans ce pays alors que la santé, l’éducation, l’énergie,les transports ,la sécurité, l’habitat … tout laisse à désirer. Il y a tellement à faire.
Mais pardon Florian, ne dure plus trop avant de publier. Je scrute ton blog tous les jours
A la lecture de ce billet, à la description du mets, je me demande comment j’ai fait pour ne pas aimer le kouakoukou toutes ces années. Eeeeh, qui me jette à Yaoundé maintenant-là, même pour une heure, que j’aille réparer mon erreur!
hihi u n’as enkor rien vu!!!
Énorme !!!
Peace au Kouakoukou 🙂
« La sorcellerie! il était pourtant gros! » Je suis plié en deux de riresss
tu devrais écrire un livre de cuisine toi… la cuisine est un art!!!!!!!!!!
« D’abord, sélectionner les tubercules. Les peler. Les râper un à un. Doucement, amoureusement, sur une rape traditionnelle. Une plaque d’alu, percée au clou et enchâssée dans un cadre de bois. Parfois la ménagère s’entaille un doigt et son sang va se mélanger avec la pâte. C’est là à mon avis le clou de ce Grand Oeuvre, cette alchimie que les femmes aujourd’hui n’arrivent pas à reproduire, car si cuisiner du kouakoukou consistait seulement à mélanger de la pâte avec de l’huile, ça se saurait… »
ah ah ah rop fort le Nguimbis….MDR…du courage man…
Si tu continu comme ça on va vraiment finir par croire que tu sais cuisiner hein…
love it!!!!!!!!!!!!! Keep up the excellent writing.
Un grand bravo!!! Tu utilises les mots avec une telle dexterite, c’est un reel plaisir de de te lire. J’aime ta facon de denoncer les maux sociaux avec une bonne dose d’humeur. Je suis definitivement sous le charme! Bonne continuation!
Superbe, fantastique… Florian continue, 1 seul mot, libérons le kouakoukou/ bekwang
Big Up!!! Nous sommes souvent, trop peu conscients, du danger auquel nous nous exposons dû fait de ces pratiques quotiennes, qui se veulent « anodines »!!!! Merci de nous le rappeler.
MDR!!!