Cette chronique commence par une cérémonie. L’insipide et soporifique cérémonie de présentation de vœux à l’épouse du Roi du Royaume des crevettes, la « première dame ». Dans les faits, un concert de froufrous et de dentelle du goût le plus douteux, puisque calqué sur celui de la Reine du jour, du jour d’avant, de toujours…
Durant cette cérémonie d’adoubement, des dames triées sur la base d’un algorithme aussi flou que la ligne 94 se retrouvent à baiser l’anneau royal, se garantissant une guérison des écrouelles de la pauvreté et téléchargeant dans la foulée un antivirus contre les abus de toutes sortes de la société-continent.
Oui, la destination finale des photos avec la première d’entre elles est le mur des salons, des bureaux, les murs des réseaux sociaux ou les pare-brises des voitures. Exhibées comme des trophées et dégainées en même temps que le fameux « tu sais qui je suis ? » typique de la culture d’influence de la haute société camerounaise.
Cette année, la gagnante de ce grand prix de l’obséquiosité est sans aucun doute Nourane Foster. Non pas grâce à sa robe, mais au message publié quelques heures plus tard via ses réseaux sociaux:
A priori rien de méchant, de la lèche de bas étage, un atalaku digne du militant de base du parti des flammes, gavé de pain-sardine. Sauf que… l’auteure de ces vers de mirliton est certes « influenceuse », femme d’affaire, mais aussi et surtout députée PCRN, ci-devant parti dit d’opposition.
En cette période pré-électorale, Il n’en fallait pas plus pour allumer le zouazoua en réserve dans les magasins de la formation politique de Cabral Libii. Mangée à toutes les sauces, la députée en prend pour son grade, surtout qu’elle n’est pas aidée par la sortie de son président, qui face à la polémique s’est contenté d’un message énigmatique sur ses réseaux sociaux. Une ligne en forme de parabole christique digne de Jésus de Bot Makak, traduisible et compréhensible dans tous les sens, en fonction de l’angle d’inclinaison, de la hauteur du soleil dans le ciel et même du taux de remplissage du ventre.
Mais de quoi la posture atalakoutiste de Nourane est-elle le nom ? Tentatives (fantaisistes ?) d’explication :
Hypothèse 1 : la sorcellerie du Père ne se transmet pas à la Mère
La première dame est réputée diffuser un charme incomparable inhérent aux femmes de l’Est (oui oui, notre « première dame » est née à Dimako). Une aura enchanteresse qui selon son cercle proche réduirait à néant l’animosité de ceux qui l’approchent, opposants ou ennemis. Ces derniers, piégés se retrouveraient ainsi à proférer la théorie selon laquelle il faut dissocier Le Roi de la Reine, qu’ils combattent le « système » et non les individus qui le composent. Bon, ceux qui propagent cette théorie sont probablement eux-mêmes pris dans un genjutsu dont ils ne perçoivent pas la portée.
Hypothèse 2 : PCRN = RDPC undercover ?
Selon cette hypothèse, Nourane serait juste en train de soulever une couverture qui recouvre mal l’ADN véritable de son parti : une espèce de cheval de Troie du RDPC, dont la fonction est d’émietter une opposition déjà fragmentée et d’alimenter des combats fratricides devant garantir le sommeil du Roi.
En mauvaise espionne, Nourane serait simplement en train de faire craquer la couverture de son parti dont la véritable identité serait RDPCRN, ni plus, ni moins. The Wire quoi…
Hypothèse 3 : la théorie du porteur
La troisième théorie fait état du caractère intouchable de Nourane Foster en raison de sa position. Il convient de rappeler que la jeune dame est une femme d’affaires assise sur une confortable fortune. Enfin, comme en tout ce qui concerne les affaires de nkap au Royaume des crevettes, aucun chiffre disponible sur la prétendue fortune, mais si tout le monde le dit, c’est que la chose est forcément vraie, vous ignorez quoi?
Nourane serait ainsi une intouchable. Les tenants de cette théorie en veulent pour preuve la tiédeur de la sortie du président national. C’est qu’entre riches il y a riche et nouveaux riches. Comme démontré par Cabral Libii, prenant en exemple les siennes, la poussée des joues et donc de la prospérité des élus PCRN est étroitement liée à leur accession a des mandats électifs. Mandats qui leur ont ouvert la porte des marchés publics selon les associations de la société civile. D’après une chronologie établie, la poussée de joues de Nourane Foster est préexistante à ce moment. Entre riches et nouveaux riches, il serait question d’une guerre de classe où l’antériorité de la fortune déterminerait le droit à la parole.
Hypothèse 4 : Le syndrome de Damas
Selon cette théorie, Nourane Foster serait victime du syndrome de Damas, une pathologie qui a touché plus illustre qu’elle. Ils sont nombreux les « opposants » qui, à l’instar de Saul sur le chemin de Damas, ont durant leur parcours vers Etoudi découvert qu’ils combattaient le mauvais combat et opéré un demi-tour complet.
Ainsi, l’atalakou à la première dame ne serait que l’incipit du Cantique « Me voiciiii Paupooool, me voiciii comme un enfant » chanté bien avant par les Ekindi , Momo et autres membres de l’Association du retournement de veste.
Il faut savoir qu’au Royaume des crevettes, arborer une écharpe tricolore ne garantit ni la paix du cœur, ni celle des affaires. Encore faut-il qu’elle soit ointe du sang bleu noble du parti des flammes.
Nourane a sûrement souvenir de cet épisode rocambolesque où deux mange-mil ont craché sur son macaron parlementaire sur une piste de l’Ouest Cameroun. Ou encore cette fois où le receleur du riz de Orca a malmené sa fabrique de ndjangsang, lui faisant boire la lie de sa boisson éclaircissante sous un prétexte sorti de sous les jupons de la pseudoscience.
Qui peut lui en vouloir de changer de camp, surtout que la météo de #Etoudi2025 prévoit un vent d’Est soufflant fortement entre Dimako et Nanga-Eboko sans changement notable de la température générale du climat politique.
Les chercheurs du centre de recherches sur les maladies infectieuses de Nyanon n’excluent pas que la jeune députée soit également sous le coup d’une pathologie un peu plus rare, le chantalisme biyaïsme, dont le virus, élaboré et échappé des laboratoires du CERAC a fait ses premières victimes à Soa lors d’un colloque universitaire en 2016.
Au final, qu’est ce qui le plus choquant? Une opportuniste multipliant les cordes à l’arc de sa réussite matérielle, quitte à marcher sur des principes qui n’ont jamais fait partie de sa vision politique ni ne lui ont valu son élection? Une Cour qui ripaille sous les ors de la République tandis qu’à quelques mètres du palais, gueux et petites gens font la queue pour de l’eau potable ou du riz?
On pourrait se consoler en se disant que le scrutin de 2025 viendra balayer cette engeance malfaisante. Mais bon… Considérant le verrouillage de l’appareil électoral dont aucun boulon n’a été ni desserré ni changé, il y a fort à parier qu’on reprenne les mêmes et on recommence.
Affaire à suivre..